Trop d’invendus alimentaires consommables sont encore jetés quotidiennement à Bruxelles, contribuant au gaspillage alimentaire, tandis que les besoins du secteur de l’aide alimentaire restent importants. Les grandes surfaces de Bruxelles auront donc bientôt l’obligation de faire don de leurs produits alimentaires invendus. Même si un certain nombre de supermarchés le font déjà sur base volontaire, rendre ces dons obligatoires permettra de venir plus substantiellement en aide aux associations actives dans l’aide alimentaire, et par la même occasion d’intensifier la lutte contre le gaspillage alimentaire. A l’initiative d’Alain Maron, Ministre bruxellois de l’Action sociale, un projet d’ordonnance en ce sens a été adopté en première lecture ce jeudi 13 juin 2023.
A partir de 2024, les grandes surfaces dont la superficie est supérieure à 1000 m2 seront tenues de faire don de leurs invendus alimentaires encore consommables. Même si pas mal d’entre-elles le faisait déjà volontairement, rendre le don obligatoire devra permettre d’augmenter les stocks alimentaires des associations caritatives qui viennent en aide aux plus démunis. « Quand on sait que 70.000 personnes ont recours à l’aide alimentaire rien qu’à à Bruxelles, il n’est pas acceptable que l’on jette encore des tonnes d’aliments consommables. L’obligation d’en faire don ne réglera pas tout, mais tant que les associations actives dans l’aide alimentaire auront besoin de ces stocks d’invendus, j’estime qu’il faut les aider. Nous devons tout mettre en œuvre pour soutenir le travail de ces associations qui lutte au quotidien contre la pauvreté », précise le ministre Alain Maron.
Cette nouvelle règle concernera ainsi plus d’une centaine de grandes surfaces à Bruxelles. « En moyenne à Bruxelles, une grande surface fait don d’un peu plus d’une tonne d’aliments consommables par mois. C’est déjà bien, mais nous pouvons aller plus loin car beaucoup trop d’aliments sont encore jetés. L’Europe nous demande d’ailleurs de réduire le gaspillage alimentaire d’ici 2030 à hauteur de 30%. En rendant le don obligatoire, on fait d’une pierre deux coups : on soutient les associations caritatives qui en ont besoin, et on réduit aussi le gaspillage alimentaire, qui est aussi un problème environnemental. »
Très concrètement, une convention liera la grande surface et l’organisation bénéficiaire, alors qu’aucun cadre légal n’existait pour le don volontaire jusqu’à ce jour ce qui pouvait amener certaines tensions entre les différentes parties. “Il arrive que les grandes surfaces s’engagent à donner sur base volontaire, et se désistent au dernier moment. Ou que certaines associations ne respectent pas leurs engagements envers les supermarchés. Dans pas mal de cas, les denrées alimentaires sont données trop tard, et ne sont alors plus consommables dans un délai raisonnable. En donnant un cadre à ces dons via des conventions, on permet ainsi tant aux grandes surfaces qu’aux associations d’avoir des repères, des balises pour que les relations se passent au mieux. Dans cette perspective, nous souhaitons mettre en place un accompagnement pour que les acteurs s’adaptent à ce nouveau cadre.” précise Alain Maron. Cela devrait faciliter le travail des 2 plateformes logistiques Dream et Loco, qui se chargent de récolter les invendus.
Après les associations caritatives, les entreprises qui réutilisent ou qui revendent aux particuliers les invendus et qui participent ainsi à la lutte contre le gaspillage pourront également toujours accéder aux invendus alimentaires des grandes surfaces également via les plateformes logistiques. Le cadre adopté par le Gouvernement bruxellois organise l’accès aux invendus pour éviter une concurrence parfois observée entre acteurs caritatifs et acteurs commerciaux.
L’avant-projet d’ordonnance sera maintenant soumis à l’avis des conseils consultatifs et du Conseil d’Etat, avant relecture par le Gouvernement et d’être proposé au vote du Parlement bruxellois.