Bruxelles, 16 avril 2025 – Les résultats du dénombrement 2024 publiés par Bruss’help confirment une réalité préoccupante : malgré les efforts collectifs, le sans-abrisme progresse à Bruxelles. Le nombre de personnes vivant en rue atteint près de 1 000, en hausse de plus de 20% en deux ans. Le Gouvernement bruxellois a fait de cette lutte une priorité. Ce dénombrement permet de rappeler ce qui a été réalisé depuis 5 ans.
Des données essentielles pour des politiques efficaces
Les résultats du dénombrement réalisés par Bruss’help sont bien plus que des chiffres : ce sont des outils indispensables pour comprendre l’évolution du sans-abrisme, affiner les diagnostics et orienter les politiques publiques. La qualité du travail réalisé par Bruss’help, en lien avec de nombreux partenaires de terrain, ainsi que leur engagement dans la collecte rigoureuse de données est à saluer. C’est grâce à cette expertise que des réponses plus justes, mieux ciblées et adaptées à la réalité des personnes concernées peuvent être construites. C’est notamment sur cette base que les politiques de lutte contre le sans abrisme ont pu être menées depuis 2019.
Une politique structurée, un budget doublé
Depuis 2019, le budget consacré à la lutte contre le sans-abrisme a plus que doublé, passant de 34,5 millions à 73 millions d’euros (COCOM et COCOF). Cette augmentation historique a permis de diversifier les dispositifs – et donc de répondre à une meilleure diversité des profils des personnes – et d’accroître fortement la capacité d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement des publics sans-abri ou mal logés.
Vers le relogement durable : un accompagnement renforcé
La Région a fortement investi dans l’accompagnement vers le relogement. Le dispositif Housing First est passé de 104 à 300 places entre 2019 et 2023, avec trois opérateurs agréés en plus, pour un budget porté à 3,6 millions d’euros. La guidance à domicile a elle aussi été renforcée : 920 personnes accompagnées aujourd’hui, contre 660 en 2019. Plus de 250 personnes et familles ont été relogées via des projets en partenariat avec des SISP, AIS, CPAS ou communes. Par ailleurs, 57 logements supplémentaires ont été rénovés dans le cadre de projets locaux innovants.
Des dispositifs adaptés aux besoins
Plusieurs structures ciblées ont été créées : maisons d’accueil pour familles monoparentales, femmes victimes de violences, jeunes LGBTQIA+, ainsi que deux centres d’accueil de jour pour jeunes en errance et pour femmes. Les occupations temporaires à finalité sociale, soutenues à hauteur de 2,1 millions en 2023, ont permis d’ouvrir plus de 750 places pour un public souvent exclu des dispositifs traditionnels.
Une action plus structurée
Une plateforme logistique centralisée appuie désormais les relogements. Le soutien à la création de logements durables, via des opérateurs comme l’Ilot, a été renforcé. Enfin, la coordination du secteur se structure autour de Bruss’help, avec un accent mis sur la prévention de la perte de logement, intégrée aux politiques sociales régionales.
Et maintenant ? Aller plus loin.
Les chiffres sont clairs : les efforts doivent continuer. À court et moyen terme, nous plaidons pour :
- Un renforcement des dispositifs de prévention de la perte de logement, notamment en augmentant les capacités de guidance et les dispositifs de maintien dans le logement.
- L’augmentation du nombre de logements disponibles pour Housing First et les sorties de dispositifs, via un soutien renforcé aux projets innovants (coopératives, AIS, occupations négociées). A noter que le gouvernement sortant a décidé de pourcentages obligatoires d’attribution à des personnes sans chez-soi dans le logement social.
- Des politiques fédérales cohérentes en matière d’asile et de migration : une large part des publics non pris en charge par Fedasil se retrouve dans la rue. Nous regrettons que l’accord Arizona n’aille pas du tout dans ce sens.
- Un processus de régularisation des personnes sans-papiers vivant à Bruxelles, en commençant par celles formées ou qualifiées dans des métiers en pénurie. Il en va de notre cohérence sociale et de notre efficacité en matière de lutte contre la précarité.
Des solutions existent pour réduire durablement le sans-abrisme d’ici 2030
Face à cette situation, Bruss’help et l’ensemble du secteur s’appuient sur un Masterplan adopté en 2024. Cette feuille de route commune vise à réduire durablement le sans-abrisme d’ici 2030, à travers une approche fondée sur la prévention, l’intervention rapide, l’accompagnement sur mesure et l’implication directe des personnes concernées.
Pour Alain Maron, ministre de l’Action sociale et de la Santé, « ce dénombrement n’est pas qu’un chiffre : c’est un appel à renforcer nos politiques sociales et du logement. Les résultats confirment la pertinence de cette approche différenciée avec des réponses adaptées aux besoins spécifiques de chaque public. Ils renforcent également la nécessité d’une action coordonnée, de long terme et structurelle, à la hauteur des défis posés, qui soit portée par la Région mais aussi par le Fédéral, dans leurs compétences respectives ».