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Les inondations de l’été 2021 et la sécheresse de ces dernières semaines l’ont mis en évidence de manière éclatante : la gestion durable de l’eau est un enjeu crucial face au dérèglement climatique. Un enjeu que la Région bruxelloise a mis au centre de son nouveau Plan de Gestion de l’Eau 2022-2027, qui vient d’être définitivement approuvé par le Gouvernement bruxellois, ce jeudi 22 juin. Ce Plan apporte une réponse intégrée et globale aux défis liés à la gestion de l’eau dans notre Région.

Le Plan se subdivise en 8 principaux axes d’actions : de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines à la prévention des risques d’inondation et de sécheresse, en passant par les aspects économiques de l’utilisation de l’eau et la présence renforcée de l’eau dans l’environnement urbain de notre capitale.

« Un des objectifs majeurs de ce plan est de remettre l’eau au cœur de la ville, à travers, notamment, une nouvelle gestion de la pluie qui permettra à l’eau de s’infiltrer dans les sols autant que possible, ceci afin qu’elle soit valorisée comme il se doit en n’étant plus évacuée systématiquement dans les égouts. » précise Alain Maron, Ministre bruxellois de la Transition climatique et de l’Environnement.

La Région bruxelloise prévoit notamment de développer sur son territoire la gestion intégrée des eaux pluviales. Concrètement, cela signifie de tout mettre en place pour que les eaux de pluie s’infiltrent dans le sol naturellement et localement – à l’endroit où la goutte tombe – et se déversent le moins possible dans les égouts. La pluie n’ira donc plus à l’égout mais sera absorbée par le sol rendu perméable à travers divers aménagements, souvent liés à une renaturation et végétalisation de l’espace public. Ces dispositifs permettent de limiter le recours aux lourds et coûteux chantiers d’infrastructures liés à la réalisation de bassins d’orage, qui génèrent souvent d’importantes nuisances dans les quartiers, mais aussi d’éviter un surdimensionnement des réseaux d’égouttage et d’épuration, visant à éviter leur débordement en cas de pluie intense.

Cette nouvelle manière de construire la ville la rendra mieux adaptée au dérèglement climatique. Bruxelles Environnement accompagne depuis plusieurs années les professionnels privés et public afin de favoriser la transition vers ce principe de gestion intégrée des eaux pluviales.

Avec le Plan de gestion de l’eau 2022-2027, l’ambition du Gouvernement bruxellois est d’étendre progressivement cette gestion de la pluie à la source sur tout son territoire. 80 % des voiries bruxelloises étant communales, le Gouvernement n’a pas attendu l’adoption définitive de ce plan pour soutenir financièrement les communes pour mener à bien ces projets, notamment à travers des subventions et l’appel à projets «Action Climat ». Et les communes répondent à l’appel : en 2022, 24 nouveaux projets communaux ont reçu le soutien de la Région bruxelloise, pour un montant de plus de 1.7 millions d’euros.

A l’échelle régionale, le Gouvernement, via les Ministres compétents, veille à mettre en place une gestion durable des eaux de pluie dans ses différents projets de rénovation urbaine (CRU, contrats de quartier durables, …), de réaménagement des voiries régionales, ou encore dans la réforme en cours de son Règlement régional d’urbanisme (Good Living), qui prévoit notamment que minimum 10 % de l’espace public soit perméable.

Pour accompagner et conseiller les acteurs privés et publics dans leurs projets, un facilitateur Eau a été mis en place au sein de Bruxelles Environnement.

Pour Alain MARON, Ministre bruxellois de la Transition climatique et de l’Environnement : « il est temps de tourner la page de la bétonisation à outrance de notre ville, entamée avec le voûtement de la Senne il y a plus de 150 ans. En valorisant la pluie et en restaurant son cycle naturel, nous préservons durablement nos ressources en eau et nous rendons Bruxelles plus verte et plus agréable à vivre, mieux adaptée au dérèglement climatique, ».

 

Deux exemples concrets

Les jardins de pluie à Forest, où tout est aménagé pour que la pluie s’infiltre dans le sol localement plutôt que de ruisseler dans la rue et terminer sa course à l’égout. La Commune est pionnière en matière de Gestion intégrée des eaux pluviales (GIEP). Le principe qu’elle s’impose sur l’espace public, elle l’impose également dans les espaces privés, avec une gestion obligatoire de l’eau sur la parcelle.

Concrètement, chaque aménagement de voirie inclut des aménagements destinés à mieux gérer les eaux pluviales. Cela passe généralement par la création de jardins de pluie, comme cela a été le cas au croisement des rues du Dries et de l’Eau, dans le cadre du contrat de quartier Abbaye. Cela permet de réduire les conséquences des inondations, mais également de créer des rues plus végétalisées, qui favorisent les ilots de fraicheur et de renforcer la biodiversité ; un ensemble d’éléments nécessaires pour adapter nos villes aux nouvelles conditions climatiques.

La noue à Jette est un fossé en terre d’un volume de 300m3. Elle récolte la totalité des eaux de ruissellement des deux bandes de circulation asphaltées de cette rue. Ce dispositif permet de soulager significativement le réseau d’égout du quartier de l’Abbaye de Dieleghem (zone à aléa d’inondations), et en aval de celui-ci, le collecteur de la vallée du Molenbeek. La généralisation de ce type de dispositifs permettrait d’éviter la construction d’un bassin d’orage en fond de vallée.

Voici donc deux exemples de projets concrets financés par la Région et les communes dans le cadre de leur Plan Action Climat. Le recours à des solutions végétalisées pour gérer les eaux pluviales a de nombreux avantages :

  • Tout d’abord, en diminuant les rejets dans le réseau d’égouttage, ces aménagements réduisent fortement le risque d’inondation, lié essentiellement à la saturation des réseaux d’égouttage. Bruxelles Environnement estime qu’un Bruxellois sur trois est potentiellement touché par les inondations.
  • Ils améliorent aussi la qualité des eaux du Canal et de la Senne. A l’heure actuelle, la pluie rejetée dans les égouts sature le réseau et le trop plein, constitué d’un mélange de pluie et d’eau sale se déverse dans nos cours d’eau, via les déversoirs d’orage. Si on n’envoie plus la pluie dans les égouts, de facto, elle ne saturera plus le réseau et ne polluera plus le Canal et la Senne.
  • Ils rafraichissent l’air ambiant jusqu’à 3-4° localement en période de canicule.
  • Ils contribuent à restaurer la biodiversité en élargissant le maillage vert à travers la ville.
  • Ils préservent l’eau potable en alimentant les nappes phréatiques.
  • Enfin, le gain est aussi économique : les jardins de pluie, par exemple, sont nettement moins coûteux que les bassins d’orage, de l’ordre de 1200 à 1500 euro/m³ pour un ouvrage bétonné, contre 50 à 150 euros/m³ pour un ouvrage végétalisé.