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En juillet 2019, j’ai eu l’honneur de prendre mes fonctions de Secrétaire d’état à la Transition économique et à la Recherche scientifique au sein du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale. Dans le même temps, j’ai appris que j’endossais le « tour de rôle » Recherche pour un an.

Depuis 1994, l’ « Accord de coopération entre l’État fédéral, les Communautés et les Régions, relatif à la représentation du Royaume de Belgique au sein du Conseil des ministres de l’Union européenne » organise un système de rotation entre les Régions et le Fédéral afin d’assurer une répartition équilibrée de la représentation de notre pays au sein des différentes instances européennes.

Selon la répartition des compétences fédérales, régionales ou communautaires, les entités se « passent le relais » dans leurs matières et siègent en moyenne un an dans le fauteuil belge.

En juillet 2019, la Région de Bruxelles-Capitale prenait la responsabilité du tour de rôle en matière de recherche pour un an, et qu’en tant que Secrétaire d’état à la Recherche scientifique, j’allais siéger parmi les 28 (puis 27) ministres européens de la recherche. Une fameuse aventure !

Qu’allais-je faire lors de ces réunions ? Défendre la position de la Belgique dans son ensemble – alors que je suis représentante du Gouvernement bruxellois…

Pour cela, notre pays a mis au point un système de coordination très poussé qui permet à toutes les entités concernées de s’exprimer et de donner leur point de vue sur la position belge qui sera défendue en Conseil des ministres de l’UE (dans le jargon officiel, cela s’appelle le processus de coordination « DGE »). L’avantage de la concertation en amont est que toutes les entités ont l’occasion de s’exprimer et doivent tomber d’accord sur un compromis. L’inconvénient… c’est qu’il s’agit d’un compromis, par définition consensuel, et que dans certaines matières, il y a actuellement peu de chance pour qu’il promeuve des idées radicalement écologistes. La règle étant en effet que si l’une des entités n’est pas d’accord avec l’idée énoncée, la Belgique dans son ensemble se tait – ou s’abstient, s’il s’agit de préparer un vote.

Ceci étant dit, en ce qui concerne la politique de Recherche, le Fédéral et les Régions partagent, dans les grandes lignes, les mêmes orientations, et je salue le travail constructif mené au cours de cette année. En l’occurrence, toutes les entités belges sont désireuses de promouvoir l’excellence de notre recherche, pour faire émerger des projets et des avancées scientifiques de pointe, réellement innovantes.

Ainsi, au cours des 5 Conseils ministériels formels et informels, physiques et en ligne, organisés par les Présidences finlandaise puis croate de l’Union européenne – auxquels j’ai mis un point d’honneur à participer – j’ai notamment défendu la vision belge du futur Espace européen de la recherche. Selon la Belgique, cet Espace européen de la recherche (que nous suggérons de rebaptiser Espace européen de la connaissance) devrait être plus ouvert sur le monde non-scientifique, notamment la société civile, pour se pencher sur les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés, tel.le.s le changement climatique et les pandémies. Par ailleurs, cet Espace renouvelé devrait également continuer à faciliter la mobilité des chercheurs, mais surtout des chercheuses, qui restent malheureusement sous représentées dans les carrières scientifiques.

Lorsque la crise du Coronavirus a éclaté, la filière recherche s’est rapidement organisée, et en quelques jours, un Plan d’Action en 10 points nommé ERAvsCorona a été rédigé, accepté par les 27 États membres, et les premières actions ont pu être lancées, notamment au niveau de la recherche sur les vaccins et les tests, mais aussi dans la mise en place d’appels à projets d’urgence sous H2020.

Parmi ces 10 actions figuraient également la tenue du tout premier hackathon pan-européen « EUvsVirus », pour lequel j’ai eu l’honneur de devenir l’ambassadrice belge. Ce hackathon a rassemblé plus de 30.000 participant.e.s, qui ont soumis 2.164 projets liés à la santé et la vie, l’éducation et le travail à distance, ou encore la cohésion sociale et politique. 120 projets ont été récompensés, dont 9 incluant des concitoyen.ne.s belges ! Ces projets bénéficieront d’un accès privilégie aux financements européens, via la future plateforme Covid du European Innovation Council. Au niveau bruxellois, le cluster lifetech.brussels a réalisé un travail remarquable de suivi des projets locaux en les informant sur la panoplie de mesures destinées à la concrétisation des projets, tels les financements d’Innoviris, ou l’accompagnement de hub.brussels. Leur travail a d’ailleurs été mis en exergue comme meilleure pratique au niveau de la DG recherche de la Commission européenne.

Au cours de cette année en charge du « tour de rôle », j’ai également pris l’initiative d’une rencontre avec Mariya Gabriel, la Commissaire européenne à la Recherche. Dans le cadre de la préparation du futur programme cadre, Horizon Europe, la Commission demande en effet leur avis aux citoyen·ne·s européen·ne·s au sujet des futures missions et partenariats proposé·e·s par les instances européennes. Je tenais à informer la Commissaire que les Bruxellois·es avaient entendu l’appel de l’Union – dont le siège se trouve sur leur territoire. En effet, Innoviris avait prévu une grande consultation populaire, notamment au sujet des Villes neutres en carbone et intelligente. L’aspect physique de la consultation a été remis en cause par la crise sanitaire, mais une consultation aura bien lieu en ligne, grâce à la startup participative CitizenLab. Il me semble que ce dialogue entre les institutions européennes et les citoyen·ne·s est particulièrement important pour continuer à construire une Europe qui répond aux attentes des gens, et a fortiori, à Bruxelles, qui est le siège des institutions de l’Union, ce dialogue devrait être amplifié.

Aujourd’hui, après un an de responsabilités européennes, je suis plus que jamais convaincue de l’importance de suivre et de peser sur les orientations prises au niveau européen, du fait de leur impact sur les décisions que nous prenons au niveau régional. Je continuerai donc de m’y investir, au sein de la filière recherche, mais aussi de la filière compétitivité (sous laquelle se retrouvent mes compétences en Transition économique). Je suivrai par exemple avec attention le « règlement taxonomie », qui définira une classification commune des investissements durables, car cet instrument nous permettra, au niveau de la Région, d’accélérer la transition. Je continuerai aussi de faire vivre la Déclaration pour le retour d’une industrie locale, décarbonée, circulaire et humaine dans nos villes et régions en Europe, co-signée avec 10 autres villes et régions européennes, et qui promeut l’activité productive décarbonée et régénératrice que nous souhaitons voir éclore et grandir en Région bruxelloise.

Je serai à nouveau prête à m’investir dans mon prochain tour de rôle et continuerai de faire vivre la dimension européenne des matières dont j’ai la charge.

Barbara Trachte